La lecture de "La cabane de l'enfer" de Chevy Stevens, pour ceux qui aiment les livres à suspenses et angoissants, il est super et se lit très vite, on est tout de suite dans le bain, l'histoire d'une jeune femme kidnappée et séquestrée pendant presque 2 ans par un psychopathe.... Un suspence terrifiant qui rappelle des sinistres faits divers.
Voici le résumé de l'histoire pour vous mettre l'eau à la bouche :
Ce dimanche-là, Annie, agent immobilier de 32 ans, avait prévu de vendre une maison grâce à une journée portes ouvertes. Mais son dernier client, un homme qui prétend s'appeler David, la fait monter de force dans sa camionnette. Annie vient d'être enlevée. Son ravisseur l'emmène au cœur de la forêt et l'emprisonne dans une cabane. Son calvaire va commencer...
Et voici également un extrait :
Il faut que je vous dise, docteur. Ce n'est pas la première fois que je vois un psy depuis mon retour. Quand je suis rentrée chez moi, mon médecin traitant m'en a recommandé un qui n'était pas piqué des vers. Il a d'abord voulu me faire croire qu'il ne savait pas qui j'étais. N'importe quoi. Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas savoir qui je suis. Je ne peux pas mettre un pied dans la rue sans qu'un crétin de photographe, planqué derrière un buisson, pointe son téléobjectif. Avant toute cette histoire, personne ou presque ne savait où se trouvait l'île de Vancouver. A fortiori Clayton Falls. Aujourd'hui, l'île est devenue le lieu de l'enlèvement.
Pour en revenir au psy en question, son cabinet était à l'image du bonhomme. Des canapés en cuir noir, des plantes en plastique, un bureau chromé. Tout pour mettre le patient en confiance. Pas un papier qui traînait. À part son sourire de travers, tout était recta chez lui. C'est d'ailleurs curieux qu'un type aussi maniaque n'ait jamais cherché à se faire rectifier les dents.
Il a commencé par me poser des questions sur ma mère avant de me donner une pochette de feutres pour que je dessine la couleur de mon ressenti. Quand je lui ai demandé s'il se moquait de moi, il m'a dit que c'était normal de refouler mes sentiments, que je devais « prendre la thérapie à bras-le-corps ». Qu'il aille se faire foutre avec sa thérapie. J'ai tenu deux séances avant de claquer la porte, sans savoir si je devais le tuer ou me suicider.
Bref, j'ai attendu le mois de décembre, quatre mois après mon évasion, pour retenter l'expérience avec vous. J'avais fini par me résigner à rester la tête à l'envers, mais je dois avouer que l'idée de passer le restant de mes jours dans cet état ne me réjouissait pas vraiment… Et puis j'ai bien aimé ce que vous avez écrit sur votre site. J'ai trouvé ça plutôt drôle pour une psy. En plus, vous aviez l'air sympa sur la photo. Et vous avez de belles dents. Et pas un tas d'initiales incompréhensibles accolées à votre nom en guise de pedigree. Je ne cherche pas le meilleur psy de la terre, ni le plus connu. Rien à foutre de l'ego, sans parler du prix des consultations. Je me fiche aussi que ce soit à une heure et demie de voiture de chez moi. Ça m'oblige à sortir de Clayton Falls, à condition de semer les photographes.
Ne vous bercez quand même pas d'illusions. Ce n'est pas parce que vous avez l'air d'une petite grand-mère que ça m'amuse d'être ici. Au passage, vous seriez parfaite avec des aiguilles à tricoter. Et puis vous voulez que je vous appelle par votre prénom. Laissez-moi deviner… Vous appeler Nadine est censé me convaincre qu'on est copines ? C'est ça ? Que je peux tout vous raconter, même les trucs que je préférerais oublier et dont je n'ai aucune envie de parler ? Désolée, mais je ne vous paye pas pour être ma copine et je préfère continuer à vous appeler docteur.
Tant qu'on y est, mettons-nous d'accord sur les règles du jeu avant de commencer à rigoler une bonne fois pour toutes. Je ne marche que si c'est moi qui décide. Pas de questions. Même pas en douce, du genre : « Quel effet ça vous faisait quand… » Je suis d'accord pour tout vous raconter depuis le début, et si j'ai besoin de votre avis, c'est moi qui vous sonne. OK ?
Un dernier point, avant que vous ne me posiez la question. Non, docteur, je n'ai pas toujours été aussi chiante.
Tout a commencé le premier dimanche d'août. J'avais décidé de m'octroyer une grasse matinée ce jour-là et Emma, mon golden retriever, ronflait doucement à côté de moi. À l'époque, je travaillais comme une dingue sur un gros projet immobilier en front de mer. Une centaine d'appartements, ce qui est beaucoup pour Clayton Falls. Je n'étais pas seule sur le coup, et je ne savais pas qui était l'agence concurrente. Le promoteur m'avait appelée le vendredi pour me dire qu'ils avaient beaucoup aimé ma présentation et qu'ils me donneraient la réponse dans quelques jours. J'étais quasiment sûre de décrocher la timbale, j'étais déjà prête à sabler le champagne. À vrai dire, je n'aime pas trop le champagne, la première fois que j'en ai bu, à un mariage, j'ai fini à la bière. Rien de plus classe qu'une demoiselle d'honneur en robe de satin qui boit de la bière au goulot. Vous devriez essayer. Quoi qu'il en soit, j'étais sûre que ce projet allait me transformer en une vraie femme d'affaires. Changer mon eau en vin. Ou plutôt ma bière en champagne.
Il avait plu toute la semaine, le temps était enfin beau et chaud, assez pour que je porte mon tailleur préféré. Un ensemble jaune pâle, d'un tissu incroyablement doux, qui donne l'impression que j'ai les yeux noisette alors qu'ils sont d'un brun parfaitement quelconque. En général, j'évite de me mettre en jupe parce que je ressemble à une naine avec mon mètre cinquante-trois, mais ce tailleur-là m'allonge les jambes et j'avais même mis des talons. Je sortais de chez le coiffeur, j'avais une coupe courte qui m'allait très bien et je me souviens d'avoir poussé un petit sifflement en me regardant une dernière fois dans la glace de l'entrée, à l'affût de cheveux blancs. J'ai eu trente-deux ans l'an dernier, mais les cheveux noirs, ça ne pardonne pas. Le temps d'embrasser Emma – il y a des gens qui touchent du bois, moi je touche ma chienne – et j'ai quitté la maison.
La journée s'annonçait plutôt tranquille, j'étais censée organiser une journée portes ouvertes chez des clients. J'aurais préféré ne pas bosser, mais mes clients étaient pressés de vendre. Un couple d'Allemands très sympas, la femme m'avait même préparé un gros bavarois au chocolat, alors je pouvais bien faire ça pour eux.
Luc, mon copain, devait venir dîner ce soir-là en sortant du boulot. Pour info, il tient un restau italien. Il avait travaillé tard la veille et je lui avais envoyé un texto du style : « Trop contente de te voir ce soir. » Au début, je voulais lui en écrire un avec des icônes comme il m'en envoyait tout le temps, mais je trouvais les motifs un peu trop cuculs, des lapins, des écureuils ou des grenouilles en train de s'embrasser, alors j'ai fini par me rabattre sur un texto normal. Je suis plutôt expansive de nature, mais avec ce projet de résidence en front de mer, je le négligeais un peu depuis un moment. Luc n'est pas du genre à se plaindre, mais comme j'avais récemment annulé deux ou trois rancards à la dernière minute, j'avais envie de me faire pardonner.
J'étais en train de me battre avec les pancartes pour l'opération portes ouvertes, que j'essayais de fourrer dans mon coffre sans me mettre de la terre partout, quand mon portable a sonné. Je me suis précipitée sur mon sac en pensant que c'était peut-être le promoteur.
— Tu es chez toi ?
Ma mère.
— Sur le départ. Je vais chez des clients…
— Tu continues à vendre des maisons ? On se posait la question avec Val et elle me disait qu'elle ne voyait plus tes pancartes nulle part.
— Tante Val ?
Il faut vous dire que maman s'engueule avec sa sœur plusieurs fois par an. À chaque fois, elle décide de ne plus jamais lui parler de sa vie.
— Figure-toi qu'elle m'a invitée à déjeuner l'autre jour comme si de rien n'était, après m'avoir insultée la semaine dernière, mais je n'ai rien dit. Avant même qu'on ait commandé, elle me sort que ta cousine vient de vendre une propriété sur le front de mer. Tu le crois, ça ? Val prend l'avion demain pour Vancouver, elles vont aller faire du shopping sur Robson Street. Tu peux être sûre qu'elles vont s'offrir des vêtements de marque.
Un-zéro pour tante Val. Je me suis pincée pour ne pas éclater de rire.
— Tant mieux pour Tamara. De toute façon, elle aurait l'air d'une princesse même vêtue d'un sac de pommes de terre.
Je n'ai pas revu ma cousine depuis qu'elle a quitté l'île à la fin du lycée, mais tante Val passe son temps à nous envoyer des photos par Internet pour nous montrer à quel point ses enfants sont beaux et ont réussi.
— J'ai dit à Val que tu étais plus conventionnelle dans tes goûts.
— J'ai des placards pleins de vêtements, maman, et…
Je me suis arrêtée à temps. Pas question de me laisser embarquer là-dedans. Je n'avais pas du tout envie de parler fringues avec quelqu'un qui se met sur son trente et un pour aller chercher le courrier. C'était perdu d'avance. Maman est encore plus petite que moi, mais je ne fais pas le poids avec elle.
— Avant que j'oublie, tu pourras venir déposer ma machine à expressos ?
Elle n'a pas répondu tout de suite.
— Tu veux dire, aujourd'hui ?
— Oui, maman.
— C'est que j'ai invité des voisines à prendre le café demain. Tu as le don de tomber à pic, ma fille.
— Désolée, maman, mais Luc dort ce soir à la maison et je voudrais pouvoir lui servir un café demain matin. Je croyais que tu me l'empruntais uniquement le temps de t'en acheter une…
— Oui, mais on n'a pas eu le temps, avec ton beau-père. Je vais être obligée d'appeler mes amies pour décommander.
Super. Maintenant, c'était moi la sale conne.
— C'est bon, je me débrouillerai autrement. Je passerai la prendre dans la semaine.
— Merci, Annie chérie.
Les actions de la « sale conne » venaient de regrimper en flèche.
— Il n'y a pas de quoi, mais j'en aurai besoin…
Inutile, elle avait raccroché.
J'ai fourré mon portable dans mon sac en grinçant des dents. C'est toujours le même scénario, elle me raccroche au nez quand elle ne veut pas entendre la suite.
Je me suis arrêtée à la station-service du coin pour acheter un café et des magazines. Ma mère adore la presse people, moi j'en achète rarement. Histoire de passer le temps entre deux visites. Je me souviens de la photo d'une fille disparue sur la couverture d'un de ces magazines. En voyant son sourire, je me suis dit qu'elle devait être comme tout le monde avant que la planète entière s'intéresse à elle.
J'ai passé ma journée à attendre le chaland. Les gens préféraient sans doute profiter du beau temps et j'aurais dû les imiter. Dix minutes avant l'heure de remballer, j'ai commencé à rassembler mes affaires. J'allais mettre les prospectus dans mon coffre quand une camionnette beige s'est garée dans l'allée, juste derrière ma voiture. Un type dans les quarante-cinq ans s'est approché de moi avec un grand sourire.
— Je vois que vous alliez repartir. C'est ma faute, je m'y prends toujours au dernier moment. Ça vous ennuierait que je visite rapidement ?
J'ai failli refuser. J'avais envie de rentrer et je devais encore aller faire des courses, mais il m'a vue hésiter et il s'est planté devant la maison, les mains sur les hanches.
— Ouah !
J'en ai profité pour le regarder en douce. Son pantalon de toile n'avait pas un pli, ce qui plaidait en sa faveur. Personnellement, j'ai tendance à plier les vêtements directement en les sortant du sèche-linge. Je me suis demandé pourquoi il portait un blouson, même léger, par un temps pareil. Il avait des baskets d'un blanc immaculé et une casquette d'un club de golf local. S'il en était membre, ça signifiait qu'il avait de gros moyens. Les opérations portes ouvertes attirent pas mal de promeneurs du dimanche, mais j'ai aperçu un magazine immobilier coincé derrière le pare-brise de sa camionnette et je me suis dit que je n'avais rien à perdre.
N'hésitez pas à me donner vôtre avis si vous le lisez ou si vous l'avez lu.